Combat d’Avallon du 16 janvier 1871

En novembre et décembre 1870 le sud du département n’étant pas occupé, la situation était relativement calme et permettait aux troupes françaises de se réorganiser et de pouvoir lancer des coups de main dans le nord du département contre les prussiens, auxquels cela coutait souvent de nombreux morts lorsque qu’ils s’aventuraient hors de leurs bases pour effectuer des réquisitions dans les villages environnants ou opérer des reconnaissances.                                                                                      

Début janvier changement de situation, les prussiens apprennent qu’une armée française ⃰  sous les ordres du général Bourbaki vient de se former à Nevers et rejoint Besançon pour aller ensuite attaquer Belfort, qui est assiégée depuis 5 mois, et couper ainsi leurs voies de communication.                                                                                                     

 ⃰ 15e corps d’armée général Martineau des Chenez, 18e corps d’armée général Billot, 20e corps d’armée général Clinchant

La menace se précise d’autant plus que le général Garibaldi vient de reprendre la ville de Dijon et menace le 14e corps d’armée prussien sous les ordres du général von Werder qui occupe une ligne Besançon Vesoul. Les prussiens craignent une action combinée des deux armées françaises et détachent immédiatement plusieurs unités qui assiègent Paris, pour soutenir ce général et former une nouvelle armée d’environ 60 000 hommes sous les ordres du général von Manteuffel, qui sera chargée d’attaquer Bourbaki

  2e corps d’armée général von Francescky, 7e corps d’armée général von Zastrow                                                         

Le général von Kettler ⃰  reçoit l’ordre le 12 janvier 1871 de protéger le flanc droit de cette armée et doit occuper une ligne Auxerre, Vermenton, Semur en Auxois (21) Saint Seine l’Abbaye (21)  et aussi surveiller l’armée de Garibaldi enfermée dans Dijon, et Autun (71).

Général major de la 8e brigade, composée des 21e et 61e régiments d’infanterie, et 11e régiment de dragons. Ces régiments venaient de la province de Poméranie

Sa route initiale doit éviter Avallon, mais il apprend par des reconnaissances que des troupes françaises stationnées à Clamecy et Vézelay, viennent d’arriver à Avallon ; Il pense tout d’abord que ce ne sont pas des troupes très aguerries et qu’elles s’enfuiront dès son approche, mais il devra vite se rendre compte de son erreur lorsque ces patrouilles reviennent avec plusieurs morts et que les troupes françaises sont fermement décidées à se défendre. Le 14 janvier, une patrouille prussienne est attaquée à Sauvigny par des gardes mobilisés de l’Yonne et doit s’enfuir en laissant 1 mortsur le terrain, dans la même journée une autre patrouille prussienne, commandée par le capitaine von Stuterheim est attaquée à Cussy les Forges par des gardes mobilisés de l’Aube et doit se replier en laissant 2 morts .  

 ⃰ Ces trois prussiens appartenaient au 11e régiment de dragons de Poméranie, les corps n’ont jamais été retrouvés            

Le général von Kettler maintenant conscient du danger à laisser ces troupes françaises derrière lui à Avallon, prend la décision le dimanche 15 janvier de les attaquer afin d’éliminer cette menace. Il place le 1er bataillon du 21e régiment (environ 1000 hommes) à Sainte Colombe, sous les ordres du lieutenant-colonel Weyrach, le 2e à Angely, capitaine ? et le 1er bataillon du 61e régiment, lieutenant-colonel von Leubenthal à Montréal, le 2e restant en réserve à Sarry protégeant de toute attaque de francs-tireurs signalés dans le nord de la ville. Les escadrons du 11e régiment de dragons, lieutenant-colonel von Guretzki-Cornitz sont répartis en reconnaissance et en protection sur les flancs de l’infanterie, l’artillerie du capitaine Kumme devait se placer à Sauvigny, prête à bombarder la ville. Ce sont donc 3000 hommes qui vont fondre sur Avallon, à 6 heures du matin, ce jour fatidique du 16 janvier 1871.

Quelles sont les forces françaises stationnées à Avallon ?                          

Dès le 12 janvier, le lieutenant-colonel Carrière ⃰ qui était à Clamecy, est averti du passage de 500 à 600 prussiens au nord d’Avallon. 

 ⃰ Louis Joseph Carrière né le 19 mars 1836, lieutenant au 2e régiment de zouaves au début du conflit, nommé capitaine le 4 octobre 1870, élu lieutenant-colonel de la garde nationale le 16 novembre 1870

Homme énergique, il déplace aussitôt le 1er bataillon de gardes mobiles de l’Aube du commandant de Beurman  les francs-tireurs de la Vienne ⃰  ⃰   et le 2e bataillon de l’Yonne   ⃰  ⃰  ⃰ 

Ferdinand de Beurman né le 9 mars 1833 à Wissembourg (Bas Rhin) ancien lieutenant au 26e régiment de ligne, élu commandant du 1er bataillon de l’Aube en octobre 1870, Après l’envahissement de Troyes le 8 novembre 1870, il est fermement décidé à continuer la lutte et replie son bataillon à Auxerre, où il combattra toute la guerre aux côtés des icaunais

⃰  ⃰   commandant M. Robin environ 170 hommes

⃰  ⃰  ⃰  650 hommes de la région d’Auxerre,  commandant Hubert Fermier, ancien sergent major de l’armée, né en 1832

Ce sont environ 1200 hommes qui arrivent à Avallon le vendredi 13 janvier sous les ordres du commandant Duchâteau qui envoie tout d’abord des patrouilles en reconnaissance tout autour d’Avallon. Ce dernier qui croit toujours avoir à faire à 500 prussiens, est bien décidé à les attaquer sur leurs flancs, ralentir leur marche et leur causer un maximum de pertes, malgré l’infériorité de la valeur militaire de ses gardes mobiles, le combat de deux contre un, lui parait possible. Mais ce sont 3000 prussiens qu’il voit déferler sur lui le dimanche 16 janvier au matin. Prudent, le commandant Duchâteau avait placé depuis deux jours des postes de garde tout autour de la ville qui devaient donner l’alerte aux premiers coups de fusils. D’abord surpris les gardes mobiles se regroupent et se défendent avec acharnement, mais après une heure de combat, doivent commencer à reculer sous le nombre.

Le commandant prussien agacé par cette résistance, pour emporter la décision, commence à faire canonner la ville aux obus incendiaires qui déclenchent des feux dans toute la ville.

Le commandant Duchâteau submergé par le nombre et voyant toute résistance devenait impossible ordonne à ses troupes d’évacuer la ville et de se replier sur la route de Vézelay, il sera fait prisonnier avec une dizaine de gardes mobiles en se retirant le dernier de la ville.  

Rendu furieux par cette résistance, le commandant prussien continuera le bombardement encore 1 heure et ensuite livrera la ville au pillage jusqu’à midi, il fera aussi ramasser ses morts afin de les emmener avec lui.

  ⃰ Pendant toute la durée du conflit aussi bien du côté français que prussien, les morts et les blessés étaient ramassés afin de masquer ses pertes à l’ennemi. Un rapport prussien après la guerre fera état de 30 blessés et 14 morts qui ont été enterrés dans un champ à côté du village de Montréal, les corps n’ont jamais été retrouvés. Les français reconnaitront 40 blessés et une vingtaine de morts, tous « officiellement » décédés à Clamecy    

Le lendemain du combat, un lieutenant et deux soldats prussiens furent retrouvés morts dans la ville par des habitants, ainsi qu’un garde mobile de l‘Aube  ⃰  ⃰ .

  ⃰ Lieutenant von Prondczinsky du 21e régiment, il est inhumé à Avallon dans une tombe militaire avec les deux autres prussiens inconnus

⃰  ⃰   Vacheron Gustave natif de Troyes inhumé dans une tombe militaire à Avallon

photo Jean Paul Blanchard

Tombes militaires « loi du 4 avril 1873 » au cimetière d’Avallon          Lieutenant von Prondczinsky et deux prussiens inconnus et celle de Gustave Vacheron