Auxerre

cimetière saint Amâtre

            52 noms inscrits

Monument commémoratif de la ville d’Auxerre à la mémoire des natifs d’Auxerre et ses environs, morts en 1870-1871

Remarques

Seuls les gardes nationaux Robert Auguste et Rousseau Henri tués au combat de Grandpuits le 21-10-1870, sont inhumés au pied du monument, quatre sont inhumés en Allemagne, deux autres en Suisse (internement de l’armée Bourbaki)  Deux soldats natifs d’Auxerre n’ont pas été inscrits lors de l’édification du monument

Photo Jean Paul Blanchard

Préambule

Liste des communes de l’Yonne qui ont édifié des monuments

 commémoratifs au 19e siècle à la mémoire des soldats morts

  pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871               

Au 19e siècle, trente-trois communes icaunaises* ont décidé d’élever des monuments à la mémoire de leurs soldats morts en 1870-1871

Tous ces monuments ont été édifiés par souscription publique

Quatre sont des monuments cantonaux : Charny, Brienon sur Armançon     Auxerre et Sens

20 monuments sont des pyramides tronquées, La Ferté Loupière et Seignelay sont représentées par des statues de gardes mobiles, la ville de Sens a représenté une allégorie de la république, d’autres communes ont accroché des plaques commémoratives dans leurs mairies  

A Paroy sur Tholon la famille Carré a élevé, au milieu d’un champ, un monument à la mémoire de leur fils Auguste, mort en Suisse (internement de l’armée Bourbaki)

A Passy la famille Pichot a élevé au cimetière une colonne à la mémoire de leurs deux fils Cléomène et Charles

*Liste non exhaustive

Combat de Brienon sur Armançon du 25 janvier 1871

Début janvier les lignes de chemin de fer Châlons, Châtillon sur Seine 21, jusqu’à bifurcation de Ravières, qui reliait à la ligne Sens, Dijon 21 sont occupées et contrôlées par des troupes prussiennes de landwehr ⃰  

 Troupes de réserves souvent composées de soldats âgés, qui occupaient le terrain derrière les troupes de 1ère ligne, elles étaient seulement chargées du ravitaillement, des réquisitions et de la protection des voies de communications

Ces deux voies de chemin de fer sont stratégiques pour les prussiens, qui doivent acheminer des renforts de troupes et du ravitaillement aux armées de prince Frédéric Charles qui n’arrivent pas à venir à bout des armées du général Chanzy, retranchées derrière la Loire sur une ligne Tours, Vendôme, Le Mans.

Le 20 janvier 1871 le lieutenant-colonel Carrière qui commande les 7 bataillons de gardes nationaux de l’Yonne reçoit une dépêche de Freycinet, ministre du gouvernement provisoire, lui demandant de tenter une action de destruction des ponts de chemin de fer de Crécy sur l’Armançon et de Laroche sur l’Yonne afin de stopper les approvisionnements prussiens.    

Louis Joseph Carrière né le 19 mars 1836, lieutenant au 2e régiment de zouaves au début du conflit, nommé capitaine le 4 octobre 1870, élu lieutenant-colonel de la garde nationale le 16 novembre 1870

Le lieutenant-colonel fait appel à des volontaires dans les 1er et 4e bataillons de gardes de la Nièvre et celui du 3e de l’Yonne, qui se trouvaient à Vézelay, pour remplir cette mission périlleuse, où il faudra traverser les lignes prussiennes puis remonter vers le nord du département et détruire ces ponts. Avec les 350 gardes qui se présentent, Carrière formera deux détachements, le premier sous les ordres du commandant Fermier, doit s’attaquer au pont de Laroche, emmenant avec lui aussi une section d’une vingtaine d’ouvriers terrassiers, de charpentiers, et ex-ouvriers du chemin de fer qui feront office de sapeurs du génie, il sera appuyé par 5 compagnies du 4e bataillon de gardes de la Nièvre .                                                            

 commandant du bataillon, Bobin, 3e compagnie, capitaine de Charry                             4e compagnie, capitaine Mignot 5e compagnie, capitaine Charrier                                      6e compagnie capitaine Franco  7e compagnie, capitaine Bonardot

Le lieutenant-colonel Carrière commande en personne le deuxième détachement, avec aussi une vingtaine d’ex-ouvriers du chemin de fer dont 3 anciens conducteurs de locomotives qui connaissent parfaitement la région. 

Francis Jacob, Eugène Pion, Henri Jullin, conducteurs de train sur les lignes ferroviaires de l’Yonne                                                                    

Dans le même temps le 1er bataillon de gardes de la Nièvre  était chargé   d’enlever le poste de la gare de Brienon afin d’empêcher tout renfort prussien d’arriver de Saint Florentin.

Commandant Gustave Panay né en 1833, engagé volontaire en 1851, ancien sergent major au 49e régiment de ligne, élu commandant (à titre provisoire) du 1er bataillon de la Nièvre le 18 octobre 1870

Le 3e bataillon de gardes nationaux de l’Yonne devait rester en réserve générale dans un axe Cheny, Ormoy, Mont Saint Sulpice, prêt à intervenir si une difficulté intervenait à Laroche ou Crécy.  (voir plan)

Commandant Viteau

Le 23 janvier 1871, les deux colonnes se mettent en marche, arrivent le soir à Cravant, le 24 à Monéteau, où après une dernière concertation entre les commandants, les colonnes prennent la route de Mont Saint Sulpice.            A hauteur de Hauterive, le commandant Fermier bifurque en direction de Cheny où il laisse une vingtaine d’hommes chargés de garder la charrette contenant la poudre qui devait servir à faire sauter le pont de Laroche, les vingt sapeurs se dirigeant vers ce pont. Il emmène les 130 autres, attaquer la gare de Migennes, protégé par les compagnies du 4e bataillon de la Nièvre.                                                              Le lieutenant-colonel Carrière lui, continuait en direction du pont de Crécy et attaque vers 3 heures du matin le poste de garde prussien où se trouvaient seulement quelques soldats, qui à la première décharge eurent 1 tué  et préférèrent prendre la fuite pour chercher du renfort à Saint Florentin.

 ⃰ Ce soldat s’appelait Hansenkaemper Heinrich, 29 ans, natif de Westphalie, appartenant au 55e régiment de landwehr, il est inhumé à Joigny dans une tombe militaire

En moins de deux heures Henri Jullin et son équipe de sapeurs minent le pont de Crécy et le font sauter sous la protection d’une compagnie de gardes du 1er bataillon de la Nièvre ; Pendant ce temps le commandant Panay à la tête des quatre autres compagnies (environ 120 hommes) attaque la gare de Brienon, où étaient retranchés une trentaine de prussiens, qui se rendent après 1 heure de combat

Les prussiens eurent 2 tués (inhumés dans une tombe militaire à Brienon voir photo)    ils appartenaient au 2e bataillon du 55e régiment de landwehr, 17 prisonniers dont le lieutenant Poelmahn. Le chef de gare prussien Theodor Stolze emmené blessé au lazaret de Tonnerre décèdera des suites de ses blessures début février 1871, inhumé dans une tombe militaire à Tonnerre voir tableau Leclerc  

Côté français les gardes de la Nièvre, Pillon Pierre et Martin Lazare seront tués .

Les deux hommes sont inhumés dans une tombe militaire à Brienon, voir photo  

 Le capitaine Moulinot  ⃰  grièvement blessé à une jambe, décédera le 28 à l’ambulance de Brienon(acte de décès n° 9 de 1871)  

Michel Moulinot né le 23 juin 1835 à Pugny Nièvre, élu le 9 novembre 1870 capitaine de la 3e compagnie du canton de Corbigny, son corps fut exhumé à Chitry Nièvre 

Au même moment le commandant Fermier arrive à hauteur du pont de Laroche, où ses vingt sapeurs, dirigés par Francis Jacob et Eugène Pion, commencent le minage, puis il attaque avec son détachement (environ 120 hommes) la gare de Migennes où se sont déjà retranchés une soixantaine de prussiens, alertés par les premiers coups de feu.

Le commandant Bobin, qui le suivait, à la tête du 4e bataillon de la Nièvre envoie les 3e et 4e compagnies garder la route de Joigny, la 5e sur celle d’Epineau les Voves, la 6e sur celle de Charmoy afin de repousser d’éventuels renforts prussiens, la 7e restant en appui du commandant Fermier attaque la gare en trois points différents, avec trois colonnes .  

1e capitaine Coudron,  2e capitaine Sonnet,  3e capitaine Morisset

Les prussiens bien à l’abri dans la gare résistent à toutes les attaques pendant deux heures, mais doivent se retrancher au 1er étage, quand les français finissent par pénétrer au rez-de-chaussée ; Un sapeur du pont vient avertir le commandant Fermier que le minage du pont est bientôt terminé et que la poudre sera mise à feu dans moins d’une heure, il décide alors d’en finir avec les prussiens, et envoie des hommes chercher de la paille et des branchages, de l’entasser au rez-de-chaussée et d’y mettre le feu pour enfumer les prussiens. Le feu commençant à gagner le 1er étage, les prussiens décident d’arborer le drapeau blanc et de se rendre .               

 ⃰ 51 soldats prussiens, 7 ouvriers des chemins de fer prussien  voir tableau Leclerc

Sa mission remplie le commandant Fermier regroupe ses gardes et envoie des estafettes prévenir le commandant Bobin de se replier sur la route d’Auxerre, ce dernier a seulement repoussé une compagnie prussienne venue de Joigny pour secourir les hommes attaqués à Migennes.                    A six heures le pont de Laroche saute et se trouve complètement détruit, privant les prussiens de leur principale voie de communication en chemin de fer venant de l’est.                                                                                                                                  

A sept heures tous les hommes du commandant Fermier sont regroupés à Bonnard et reprennent la direction d’Auxerre, où ils laissent leurs prisonniers prussiens .                                                                  

Ils seront envoyés en captivité au Puy, Haute-Loire

Ils regagnent ensuite Clamecy jusqu’à la fin de la guerre le 31 janvier 1871. L’appel du lendemain lui confirmera qu’il n’a subi aucune perte, ramenant seulement le capitaine Morisset et quinze gardes blessés légèrement.   Carrière rejoindra lui aussi Auxerre pour y laisser ses prisonniers et ensuite rallier Vézelay déplorant trois hommes tués et quinze blessés.

Cette opération de destruction des ponts de Laroche et Crécy fut un succès incontestable, mais arrivant trop tard, l’armistice sera signé 8 jours plus tard !  

Combat d’Avallon du 16 janvier 1871

En novembre et décembre 1870 le sud du département n’étant pas occupé, la situation était relativement calme et permettait aux troupes françaises de se réorganiser et de pouvoir lancer des coups de main dans le nord du département contre les prussiens, auxquels cela coutait souvent de nombreux morts lorsque qu’ils s’aventuraient hors de leurs bases pour effectuer des réquisitions dans les villages environnants ou opérer des reconnaissances.                                                                                      

Début janvier changement de situation, les prussiens apprennent qu’une armée française ⃰  sous les ordres du général Bourbaki vient de se former à Nevers et rejoint Besançon pour aller ensuite attaquer Belfort, qui est assiégée depuis 5 mois, et couper ainsi leurs voies de communication.                                                                                                     

 ⃰ 15e corps d’armée général Martineau des Chenez, 18e corps d’armée général Billot, 20e corps d’armée général Clinchant

La menace se précise d’autant plus que le général Garibaldi vient de reprendre la ville de Dijon et menace le 14e corps d’armée prussien sous les ordres du général von Werder qui occupe une ligne Besançon Vesoul. Les prussiens craignent une action combinée des deux armées françaises et détachent immédiatement plusieurs unités qui assiègent Paris, pour soutenir ce général et former une nouvelle armée d’environ 60 000 hommes sous les ordres du général von Manteuffel, qui sera chargée d’attaquer Bourbaki

  2e corps d’armée général von Francescky, 7e corps d’armée général von Zastrow                                                         

Le général von Kettler ⃰  reçoit l’ordre le 12 janvier 1871 de protéger le flanc droit de cette armée et doit occuper une ligne Auxerre, Vermenton, Semur en Auxois (21) Saint Seine l’Abbaye (21)  et aussi surveiller l’armée de Garibaldi enfermée dans Dijon, et Autun (71).

Général major de la 8e brigade, composée des 21e et 61e régiments d’infanterie, et 11e régiment de dragons. Ces régiments venaient de la province de Poméranie

Sa route initiale doit éviter Avallon, mais il apprend par des reconnaissances que des troupes françaises stationnées à Clamecy et Vézelay, viennent d’arriver à Avallon ; Il pense tout d’abord que ce ne sont pas des troupes très aguerries et qu’elles s’enfuiront dès son approche, mais il devra vite se rendre compte de son erreur lorsque ces patrouilles reviennent avec plusieurs morts et que les troupes françaises sont fermement décidées à se défendre. Le 14 janvier, une patrouille prussienne est attaquée à Sauvigny par des gardes mobilisés de l’Yonne et doit s’enfuir en laissant 1 mortsur le terrain, dans la même journée une autre patrouille prussienne, commandée par le capitaine von Stuterheim est attaquée à Cussy les Forges par des gardes mobilisés de l’Aube et doit se replier en laissant 2 morts .  

 ⃰ Ces trois prussiens appartenaient au 11e régiment de dragons de Poméranie, les corps n’ont jamais été retrouvés            

Le général von Kettler maintenant conscient du danger à laisser ces troupes françaises derrière lui à Avallon, prend la décision le dimanche 15 janvier de les attaquer afin d’éliminer cette menace. Il place le 1er bataillon du 21e régiment (environ 1000 hommes) à Sainte Colombe, sous les ordres du lieutenant-colonel Weyrach, le 2e à Angely, capitaine ? et le 1er bataillon du 61e régiment, lieutenant-colonel von Leubenthal à Montréal, le 2e restant en réserve à Sarry protégeant de toute attaque de francs-tireurs signalés dans le nord de la ville. Les escadrons du 11e régiment de dragons, lieutenant-colonel von Guretzki-Cornitz sont répartis en reconnaissance et en protection sur les flancs de l’infanterie, l’artillerie du capitaine Kumme devait se placer à Sauvigny, prête à bombarder la ville. Ce sont donc 3000 hommes qui vont fondre sur Avallon, à 6 heures du matin, ce jour fatidique du 16 janvier 1871.

Quelles sont les forces françaises stationnées à Avallon ?                          

Dès le 12 janvier, le lieutenant-colonel Carrière ⃰ qui était à Clamecy, est averti du passage de 500 à 600 prussiens au nord d’Avallon. 

 ⃰ Louis Joseph Carrière né le 19 mars 1836, lieutenant au 2e régiment de zouaves au début du conflit, nommé capitaine le 4 octobre 1870, élu lieutenant-colonel de la garde nationale le 16 novembre 1870

Homme énergique, il déplace aussitôt le 1er bataillon de gardes mobiles de l’Aube du commandant de Beurman  les francs-tireurs de la Vienne ⃰  ⃰   et le 2e bataillon de l’Yonne   ⃰  ⃰  ⃰ 

Ferdinand de Beurman né le 9 mars 1833 à Wissembourg (Bas Rhin) ancien lieutenant au 26e régiment de ligne, élu commandant du 1er bataillon de l’Aube en octobre 1870, Après l’envahissement de Troyes le 8 novembre 1870, il est fermement décidé à continuer la lutte et replie son bataillon à Auxerre, où il combattra toute la guerre aux côtés des icaunais

⃰  ⃰   commandant M. Robin environ 170 hommes

⃰  ⃰  ⃰  650 hommes de la région d’Auxerre,  commandant Hubert Fermier, ancien sergent major de l’armée, né en 1832

Ce sont environ 1200 hommes qui arrivent à Avallon le vendredi 13 janvier sous les ordres du commandant Duchâteau qui envoie tout d’abord des patrouilles en reconnaissance tout autour d’Avallon. Ce dernier qui croit toujours avoir à faire à 500 prussiens, est bien décidé à les attaquer sur leurs flancs, ralentir leur marche et leur causer un maximum de pertes, malgré l’infériorité de la valeur militaire de ses gardes mobiles, le combat de deux contre un, lui parait possible. Mais ce sont 3000 prussiens qu’il voit déferler sur lui le dimanche 16 janvier au matin. Prudent, le commandant Duchâteau avait placé depuis deux jours des postes de garde tout autour de la ville qui devaient donner l’alerte aux premiers coups de fusils. D’abord surpris les gardes mobiles se regroupent et se défendent avec acharnement, mais après une heure de combat, doivent commencer à reculer sous le nombre.

Le commandant prussien agacé par cette résistance, pour emporter la décision, commence à faire canonner la ville aux obus incendiaires qui déclenchent des feux dans toute la ville.

Le commandant Duchâteau submergé par le nombre et voyant toute résistance devenait impossible ordonne à ses troupes d’évacuer la ville et de se replier sur la route de Vézelay, il sera fait prisonnier avec une dizaine de gardes mobiles en se retirant le dernier de la ville.  

Rendu furieux par cette résistance, le commandant prussien continuera le bombardement encore 1 heure et ensuite livrera la ville au pillage jusqu’à midi, il fera aussi ramasser ses morts afin de les emmener avec lui.

  ⃰ Pendant toute la durée du conflit aussi bien du côté français que prussien, les morts et les blessés étaient ramassés afin de masquer ses pertes à l’ennemi. Un rapport prussien après la guerre fera état de 30 blessés et 14 morts qui ont été enterrés dans un champ à côté du village de Montréal, les corps n’ont jamais été retrouvés. Les français reconnaitront 40 blessés et une vingtaine de morts, tous « officiellement » décédés à Clamecy    

Le lendemain du combat, un lieutenant et deux soldats prussiens furent retrouvés morts dans la ville par des habitants, ainsi qu’un garde mobile de l‘Aube  ⃰  ⃰ .

  ⃰ Lieutenant von Prondczinsky du 21e régiment, il est inhumé à Avallon dans une tombe militaire avec les deux autres prussiens inconnus

⃰  ⃰   Vacheron Gustave natif de Troyes inhumé dans une tombe militaire à Avallon

photo Jean Paul Blanchard

Tombes militaires « loi du 4 avril 1873 » au cimetière d’Avallon          Lieutenant von Prondczinsky et deux prussiens inconnus et celle de Gustave Vacheron

Courson les Carrières

2 soldats prussiens inconnus, tués au combat de Courson les Carrières du  26 décembre 1870 sont inhumés dans une tombe militaire.     

Tombe retrouvée 2011 et rénovée en 2018.

Recherche de l’identité des deux uhlans prussiens en cours (2019).

14 autres prussiens emmenés prisonniers par un groupe de Francs-tireurs français lors de ce combat, n’ont jamais été retrouvés.

Photo Jean Paul Blanchard
Photo Jean Paul Blanchard

Combat de Courson les Carrières du 26 décembre 1870

Courson les Carrières, Yonne      combat le 26 décembre 1870

Depuis la mi-novembre 1870 le nord de l’Yonne est totalement occupé, la partie sud est seulement surveillée par des troupes de réserves prussiennes mais ses voies de communications seront continuellement harcelées par les bataillons de gardes mobilisés de l’Yonne, aidés par des bataillons venant de la Côte d’Or, du Morbihan, de la Nièvre et plusieurs compagnies de francs-tireurs.

 ⃰ pendant toute la durée de cette guerre, les francs-tireurs ont fait une guérilla sans merci contre les prussiens et bien souvent achevaient leurs blessés. Ils étaient fusillés sans autre forme de procès lorsqu’ils étaient pris par les prussiens 

Début décembre 1870 le sud du département n’étant pas occupé, la situation était relativement calme et permettait aux troupes françaises de se réorganiser et de pouvoir lancer des coups de mains dans le nord du département contre les prussiens, ce qui leur coutaient souvent de nombreux morts lorsque qu’ils s’aventuraient hors de leurs bases pour effectuer des réquisitions dans les villages environnants ou opérer des reconnaissances.                                                                                              

  A la mi-décembre changement de situation, les prussiens apprennent qu’une armée française est en formation à Nevers sous les ordres du général Bourbaki et pensent tout d’abord qu’elle va secourir les armées du général Chanzy qui combattent toujours avec acharnement et souvent victorieusement autour de Beaugency et de Tours.  

Le quartier général prussien envoie aussitôt le 7e corps d’armée du général von Zastrow, qui était stationné à Montargis, envahir l’Yonne sur une ligne Montargis, Charny, Joigny, Auxerre, Tonnerre, afin de surveiller cette armée française et se tenir prêt à intervenir sur ses flancs. 

13e division d’infanterie, général von Bothmer, et le 8e régiment hussards, colonel Arendt    14e division d’infanterie, général von Senden, 15e régiment hussards, colonel von Cosel                                                                                 

Le 20 décembre 1870 après des combats sporadiques menés par des gardes nationaux, et un bombardement de la ville, le maire d’Auxerre monsieur Lepère hisse le drapeau blanc et demande l’arrêt des combats, la ville est alors envahie par la 25e brigade d’infanterie du général von Osten-Sacken, et le major Blumenthal nommé commandant de la place. Le même jour le colonel von Bischofshausen du 55e régiment d’infanterie envahit Chablis et Tonnerre Le 22 décembre 1870 tout le sud de l’Yonne est totalement envahi.

13e régiment d’infanterie colonel von Bussche-Handdenhausen                    et 73e régiment d’infanterie colonel von Loebel

Du côté français, le lieutenant-colonel Carrière ⃰  avait rassemblé à Clamecy (58) des bataillons de gardes mobilisés de l’Yonne  ⃰  des groupes de francs-tireurs, ainsi que des bataillons de gardes mobiles  ⃰  ⃰  ⃰  du Morbihan, de l’Indre, de la Côte d’Or et de l’Aube soit environ 3000 hommes, qui bien que peu aguerris au combat, montreront toujours un courage sans faille tout au long de ce conflit.

Louis Joseph Carrière né le 19 mars 1836, lieutenant au 2e régiment de zouaves au début du conflit, nommé capitaine le 4 octobre 1870, élu lieutenant-colonel de la garde nationale le 16 novembre 1870                                                                                           

   ⃰  Hommes âgés de 20 à 40 ans, qui pour des raisons diverses non pas été enrôlés dans l’armée régulière, ni dans la garde mobile, et sont seulement chargés de défendre leur département d’origine     

⃰  ⃰  ⃰  Jeunes gens âgés de 20 à 30 ans, qui par un bon tirage au sort n’avaient pas été appelés dans l’armée régulière, mais devaient rester en réserve pendant 5 ans, en faisant de courtes périodes d’entrainement militaires plusieurs fois dans l’année, ils pouvaient être appelés dans tout le territoire français   

Carrière homme énergique faisait surveiller continuellement les troupes prussiennes par des reconnaissances et les attaquait par surprise lorsque celles-ci étaient peu nombreuses, afin de créer un climat d’insécurité chez l’ennemi. Rendus furieux les prussiens pillaient et brûlaient systématiquement les villages où des leurs avaient été attaqués, mais rien ni faisait, et aidé par la population locale, les raids français continuaient et plusieurs prussiens disparurent dans des embuscades.   

Après la guerre en 1876, un rapport de l’état-major prussien a reconnu environ 250 soldats « disparus » dans l’Yonne, en indiquant une liste possible d’endroits de ces disparitions, ainsi à Chevillon le 20 novembre 1870 un groupe de 8 soldats, Toucy en décembre une patrouille de 10 hussards etc. etc.  , tous les corps étaient souvent enterrés dans des bois et non jamais pu être retrouvés.   

Dès qu’il apprend l’envahissement du sud de l’Yonne Carrière envoie des petites compagnies très mobiles d’environ 100 hommes dans tout le sud de l’Yonne, avec pour mission d’attaquer les patrouilles prussiennes et tous les groupes isolés. C’est une de ces patrouilles qui va se heurter le 26 décembre 1870 à Courson les Carrières à un escadron du 8e régiment de hussards commandé par lieutenant von Steuplitz.

Le général von Osten-Sacken, qui venait d’envahir Auxerre avait disposé tous ses régiments  sur une ligne Toucy Auxerre, Chablis, Tonnerre, afin de surveiller les troupes françaises de Clamecy et Nevers dont il ne connaissait pas le nombre exact, mais qui lui faisait chaque jour plus de victimes.    

Les 13e et 73e, cités plus haut, ainsi que le 15e régiment d’infanterie colonel Delitz,     le 55e régiment d’infanterie, colonel  von Bischofshausen,  le 8e régiment de hussards, lieutenant-colonel Arendt et le 7e bataillon de chasseurs, colonel Kamecke  

Le 24 décembre le lieutenant von Steuplitz, qui patrouillait dans la région, arrive à Courson avec quelques cavaliers pour faire ferrer ses chevaux et manger à l’hôtel, sans aucun acte d’hostilité de la population envers lui, mais un habitant du village court prévenir une compagnie de francs-tireurs de la Vienne ⃰ qui patrouillait dans la forêt de Frétoy.                                                

 capitaine M. Robin environ 170 hommes

Informé du petit nombre de cavaliers de la patrouille prussienne, et persuadé qu’ils vont revenir, le commandant Robin décide de se cacher avec ses hommes dans des maisons et tout alentour du village, bien décidé à combattre.

Le 26 décembre le lieutenant von Steuplitz revient cette fois avec un demi-escadron (environ 30 cavaliers) avec la mission de patrouiller jusqu’à Coulanges sur Yonne, toujours pour surveiller les troupes françaises qui sont à Clamecy.  Il traverse donc Courson sans méfiance, lorsque soudain il est attaqué par un feu roulant des francs-tireurs. Plusieurs cavaliers tombent, d’autres sont démontés, leurs chevaux tués sous eux, le lieutenant tente de regrouper ses hommes et de se défendre, mais doit reculer sous le nombre et surtout s’aperçoit que ce sont des francs-tireurs et que ceux-ci ne feront pas de quartier.  Il tente alors une sortie par le nord du village mais il est de nouveau accueilli par un feu nourri des francs-tireurs, postés là, et qui attendaient sa retraite. La débandade devient générale et le lieutenant von Steuplitz parvient à regrouper la quinzaine de cavaliers qui lui reste, et à rejoindre les deux compagnies du 7e bataillon de chasseurs qui étaient postées à Ouanne. Le lieutenant-colonel Arendt qui était à Toucy alerté, arrive le soir même à Ouanne avec tout son bataillon et deux canons, mais en raison de l’obscurité, préfère remettre au lendemain ses représailles sur Courson, où par prudence il envoie quelques patrouilles reconnaitre l’état des forces françaises, qu’il craint supérieures.

Le 27 au matin assuré qu’il n’y a plus de francs-tireurs ni de troupes françaises il fait placer, à l’ouest du village sur une colline en direction du hameau de Molesmes, deux canons braqués sur Courson, fait placer des postes tout autour du village afin que personne ne puisse sortir, et laisse ses soldats se livrer au pillage pendant deux heures, il frappe aussi le village d’une amende de 10 000 francs et prend trois otages   jusqu’au règlement complet de la somme imposée.

   Jacquin, Rappin et Boussard, qui seront libérés le 26 février 1870                                                   

Quant au lieutenant von Steuplitz il demande au maire où sont passés la quinzaine de cavaliers qui sont tombés la veille, ce dernier lui affirme qu’ils ont été emmenés prisonniers par les francs-tireurs et que seul deux hussards retrouvés morts le veille au soir dans des maisons, sont inhumés au cimetière.  Von Steuplitz n’en croit pas un mot et fait fouiller le moindre recoin du village, et fait rouvrir la tombe pour vérifier qu’il y a bien que deux cavaliers, sans résultat pour les cavaliers prussiens disparus. Après la guerre en 1872, l’état-major prussien envoya une note au gouvernement français afin d’avoir des précisions sur les 14 hussards fait prisonnier à Courson le 26 décembre 1870, et qui n’étaient pas revenus de leur captivité. Des recherches entreprises par les autorités françaises ne donnèrent aucun résultat. En 1874 l’armée allemande adressait une plainte au colonel Du Temple, chef de la région militaire de Nevers, pour assassinat des 14 hussards, par le capitaine Robin, ce dernier étant connu pour « ne pas faire de prisonniers » mais faute de preuve il fut acquitté par le tribunal de Nevers. Après consultation des registres de prisonniers prussiens à Clamecy (archives militaires de Vincennes) il n’est pas fait état des 14 hussards du 8e régiment, et qui auraient dû être normalement enregistrés après leur capture.                                                                                

Conclusion de l’auteur : Les 14 hussards dont une bonne partie étaient blessés ont été vraisemblablement abattus et enterrés dans la forêt de Frétoy

Sépulture des deux hussards tués à Courson le 26-12-1870                                       Tombe militaire, loi du 4 avril 1873

Photo Jean Paul Blanchard

Les noms n’ont pas pu être retrouvés, recherche en cours