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Combat d’Avallon du 16 janvier 1871

En novembre et décembre 1870 le sud du département n’étant pas occupé, la situation était relativement calme et permettait aux troupes françaises de se réorganiser et de pouvoir lancer des coups de main dans le nord du département contre les prussiens, auxquels cela coutait souvent de nombreux morts lorsque qu’ils s’aventuraient hors de leurs bases pour effectuer des réquisitions dans les villages environnants ou opérer des reconnaissances.                                                                                      

Début janvier changement de situation, les prussiens apprennent qu’une armée française ⃰  sous les ordres du général Bourbaki vient de se former à Nevers et rejoint Besançon pour aller ensuite attaquer Belfort, qui est assiégée depuis 5 mois, et couper ainsi leurs voies de communication.                                                                                                     

 ⃰ 15e corps d’armée général Martineau des Chenez, 18e corps d’armée général Billot, 20e corps d’armée général Clinchant

La menace se précise d’autant plus que le général Garibaldi vient de reprendre la ville de Dijon et menace le 14e corps d’armée prussien sous les ordres du général von Werder qui occupe une ligne Besançon Vesoul. Les prussiens craignent une action combinée des deux armées françaises et détachent immédiatement plusieurs unités qui assiègent Paris, pour soutenir ce général et former une nouvelle armée d’environ 60 000 hommes sous les ordres du général von Manteuffel, qui sera chargée d’attaquer Bourbaki

  2e corps d’armée général von Francescky, 7e corps d’armée général von Zastrow                                                         

Le général von Kettler ⃰  reçoit l’ordre le 12 janvier 1871 de protéger le flanc droit de cette armée et doit occuper une ligne Auxerre, Vermenton, Semur en Auxois (21) Saint Seine l’Abbaye (21)  et aussi surveiller l’armée de Garibaldi enfermée dans Dijon, et Autun (71).

Général major de la 8e brigade, composée des 21e et 61e régiments d’infanterie, et 11e régiment de dragons. Ces régiments venaient de la province de Poméranie

Sa route initiale doit éviter Avallon, mais il apprend par des reconnaissances que des troupes françaises stationnées à Clamecy et Vézelay, viennent d’arriver à Avallon ; Il pense tout d’abord que ce ne sont pas des troupes très aguerries et qu’elles s’enfuiront dès son approche, mais il devra vite se rendre compte de son erreur lorsque ces patrouilles reviennent avec plusieurs morts et que les troupes françaises sont fermement décidées à se défendre. Le 14 janvier, une patrouille prussienne est attaquée à Sauvigny par des gardes mobilisés de l’Yonne et doit s’enfuir en laissant 1 mortsur le terrain, dans la même journée une autre patrouille prussienne, commandée par le capitaine von Stuterheim est attaquée à Cussy les Forges par des gardes mobilisés de l’Aube et doit se replier en laissant 2 morts .  

 ⃰ Ces trois prussiens appartenaient au 11e régiment de dragons de Poméranie, les corps n’ont jamais été retrouvés            

Le général von Kettler maintenant conscient du danger à laisser ces troupes françaises derrière lui à Avallon, prend la décision le dimanche 15 janvier de les attaquer afin d’éliminer cette menace. Il place le 1er bataillon du 21e régiment (environ 1000 hommes) à Sainte Colombe, sous les ordres du lieutenant-colonel Weyrach, le 2e à Angely, capitaine ? et le 1er bataillon du 61e régiment, lieutenant-colonel von Leubenthal à Montréal, le 2e restant en réserve à Sarry protégeant de toute attaque de francs-tireurs signalés dans le nord de la ville. Les escadrons du 11e régiment de dragons, lieutenant-colonel von Guretzki-Cornitz sont répartis en reconnaissance et en protection sur les flancs de l’infanterie, l’artillerie du capitaine Kumme devait se placer à Sauvigny, prête à bombarder la ville. Ce sont donc 3000 hommes qui vont fondre sur Avallon, à 6 heures du matin, ce jour fatidique du 16 janvier 1871.

Quelles sont les forces françaises stationnées à Avallon ?                          

Dès le 12 janvier, le lieutenant-colonel Carrière ⃰ qui était à Clamecy, est averti du passage de 500 à 600 prussiens au nord d’Avallon. 

 ⃰ Louis Joseph Carrière né le 19 mars 1836, lieutenant au 2e régiment de zouaves au début du conflit, nommé capitaine le 4 octobre 1870, élu lieutenant-colonel de la garde nationale le 16 novembre 1870

Homme énergique, il déplace aussitôt le 1er bataillon de gardes mobiles de l’Aube du commandant de Beurman  les francs-tireurs de la Vienne ⃰  ⃰   et le 2e bataillon de l’Yonne   ⃰  ⃰  ⃰ 

Ferdinand de Beurman né le 9 mars 1833 à Wissembourg (Bas Rhin) ancien lieutenant au 26e régiment de ligne, élu commandant du 1er bataillon de l’Aube en octobre 1870, Après l’envahissement de Troyes le 8 novembre 1870, il est fermement décidé à continuer la lutte et replie son bataillon à Auxerre, où il combattra toute la guerre aux côtés des icaunais

⃰  ⃰   commandant M. Robin environ 170 hommes

⃰  ⃰  ⃰  650 hommes de la région d’Auxerre,  commandant Hubert Fermier, ancien sergent major de l’armée, né en 1832

Ce sont environ 1200 hommes qui arrivent à Avallon le vendredi 13 janvier sous les ordres du commandant Duchâteau qui envoie tout d’abord des patrouilles en reconnaissance tout autour d’Avallon. Ce dernier qui croit toujours avoir à faire à 500 prussiens, est bien décidé à les attaquer sur leurs flancs, ralentir leur marche et leur causer un maximum de pertes, malgré l’infériorité de la valeur militaire de ses gardes mobiles, le combat de deux contre un, lui parait possible. Mais ce sont 3000 prussiens qu’il voit déferler sur lui le dimanche 16 janvier au matin. Prudent, le commandant Duchâteau avait placé depuis deux jours des postes de garde tout autour de la ville qui devaient donner l’alerte aux premiers coups de fusils. D’abord surpris les gardes mobiles se regroupent et se défendent avec acharnement, mais après une heure de combat, doivent commencer à reculer sous le nombre.

Le commandant prussien agacé par cette résistance, pour emporter la décision, commence à faire canonner la ville aux obus incendiaires qui déclenchent des feux dans toute la ville.

Le commandant Duchâteau submergé par le nombre et voyant toute résistance devenait impossible ordonne à ses troupes d’évacuer la ville et de se replier sur la route de Vézelay, il sera fait prisonnier avec une dizaine de gardes mobiles en se retirant le dernier de la ville.  

Rendu furieux par cette résistance, le commandant prussien continuera le bombardement encore 1 heure et ensuite livrera la ville au pillage jusqu’à midi, il fera aussi ramasser ses morts afin de les emmener avec lui.

  ⃰ Pendant toute la durée du conflit aussi bien du côté français que prussien, les morts et les blessés étaient ramassés afin de masquer ses pertes à l’ennemi. Un rapport prussien après la guerre fera état de 30 blessés et 14 morts qui ont été enterrés dans un champ à côté du village de Montréal, les corps n’ont jamais été retrouvés. Les français reconnaitront 40 blessés et une vingtaine de morts, tous « officiellement » décédés à Clamecy    

Le lendemain du combat, un lieutenant et deux soldats prussiens furent retrouvés morts dans la ville par des habitants, ainsi qu’un garde mobile de l‘Aube  ⃰  ⃰ .

  ⃰ Lieutenant von Prondczinsky du 21e régiment, il est inhumé à Avallon dans une tombe militaire avec les deux autres prussiens inconnus

⃰  ⃰   Vacheron Gustave natif de Troyes inhumé dans une tombe militaire à Avallon

photo Jean Paul Blanchard

Tombes militaires « loi du 4 avril 1873 » au cimetière d’Avallon          Lieutenant von Prondczinsky et deux prussiens inconnus et celle de Gustave Vacheron

Courson les Carrières

2 soldats prussiens inconnus, tués au combat de Courson les Carrières du  26 décembre 1870 sont inhumés dans une tombe militaire.     

Tombe retrouvée 2011 et rénovée en 2018.

Recherche de l’identité des deux uhlans prussiens en cours (2019).

14 autres prussiens emmenés prisonniers par un groupe de Francs-tireurs français lors de ce combat, n’ont jamais été retrouvés.

Photo Jean Paul Blanchard
Photo Jean Paul Blanchard

Combat de Courson les Carrières du 26 décembre 1870

Courson les Carrières, Yonne      combat le 26 décembre 1870

Depuis la mi-novembre 1870 le nord de l’Yonne est totalement occupé, la partie sud est seulement surveillée par des troupes de réserves prussiennes mais ses voies de communications seront continuellement harcelées par les bataillons de gardes mobilisés de l’Yonne, aidés par des bataillons venant de la Côte d’Or, du Morbihan, de la Nièvre et plusieurs compagnies de francs-tireurs.

 ⃰ pendant toute la durée de cette guerre, les francs-tireurs ont fait une guérilla sans merci contre les prussiens et bien souvent achevaient leurs blessés. Ils étaient fusillés sans autre forme de procès lorsqu’ils étaient pris par les prussiens 

Début décembre 1870 le sud du département n’étant pas occupé, la situation était relativement calme et permettait aux troupes françaises de se réorganiser et de pouvoir lancer des coups de mains dans le nord du département contre les prussiens, ce qui leur coutaient souvent de nombreux morts lorsque qu’ils s’aventuraient hors de leurs bases pour effectuer des réquisitions dans les villages environnants ou opérer des reconnaissances.                                                                                              

  A la mi-décembre changement de situation, les prussiens apprennent qu’une armée française est en formation à Nevers sous les ordres du général Bourbaki et pensent tout d’abord qu’elle va secourir les armées du général Chanzy qui combattent toujours avec acharnement et souvent victorieusement autour de Beaugency et de Tours.  

Le quartier général prussien envoie aussitôt le 7e corps d’armée du général von Zastrow, qui était stationné à Montargis, envahir l’Yonne sur une ligne Montargis, Charny, Joigny, Auxerre, Tonnerre, afin de surveiller cette armée française et se tenir prêt à intervenir sur ses flancs. 

13e division d’infanterie, général von Bothmer, et le 8e régiment hussards, colonel Arendt    14e division d’infanterie, général von Senden, 15e régiment hussards, colonel von Cosel                                                                                 

Le 20 décembre 1870 après des combats sporadiques menés par des gardes nationaux, et un bombardement de la ville, le maire d’Auxerre monsieur Lepère hisse le drapeau blanc et demande l’arrêt des combats, la ville est alors envahie par la 25e brigade d’infanterie du général von Osten-Sacken, et le major Blumenthal nommé commandant de la place. Le même jour le colonel von Bischofshausen du 55e régiment d’infanterie envahit Chablis et Tonnerre Le 22 décembre 1870 tout le sud de l’Yonne est totalement envahi.

13e régiment d’infanterie colonel von Bussche-Handdenhausen                    et 73e régiment d’infanterie colonel von Loebel

Du côté français, le lieutenant-colonel Carrière ⃰  avait rassemblé à Clamecy (58) des bataillons de gardes mobilisés de l’Yonne  ⃰  des groupes de francs-tireurs, ainsi que des bataillons de gardes mobiles  ⃰  ⃰  ⃰  du Morbihan, de l’Indre, de la Côte d’Or et de l’Aube soit environ 3000 hommes, qui bien que peu aguerris au combat, montreront toujours un courage sans faille tout au long de ce conflit.

Louis Joseph Carrière né le 19 mars 1836, lieutenant au 2e régiment de zouaves au début du conflit, nommé capitaine le 4 octobre 1870, élu lieutenant-colonel de la garde nationale le 16 novembre 1870                                                                                           

   ⃰  Hommes âgés de 20 à 40 ans, qui pour des raisons diverses non pas été enrôlés dans l’armée régulière, ni dans la garde mobile, et sont seulement chargés de défendre leur département d’origine     

⃰  ⃰  ⃰  Jeunes gens âgés de 20 à 30 ans, qui par un bon tirage au sort n’avaient pas été appelés dans l’armée régulière, mais devaient rester en réserve pendant 5 ans, en faisant de courtes périodes d’entrainement militaires plusieurs fois dans l’année, ils pouvaient être appelés dans tout le territoire français   

Carrière homme énergique faisait surveiller continuellement les troupes prussiennes par des reconnaissances et les attaquait par surprise lorsque celles-ci étaient peu nombreuses, afin de créer un climat d’insécurité chez l’ennemi. Rendus furieux les prussiens pillaient et brûlaient systématiquement les villages où des leurs avaient été attaqués, mais rien ni faisait, et aidé par la population locale, les raids français continuaient et plusieurs prussiens disparurent dans des embuscades.   

Après la guerre en 1876, un rapport de l’état-major prussien a reconnu environ 250 soldats « disparus » dans l’Yonne, en indiquant une liste possible d’endroits de ces disparitions, ainsi à Chevillon le 20 novembre 1870 un groupe de 8 soldats, Toucy en décembre une patrouille de 10 hussards etc. etc.  , tous les corps étaient souvent enterrés dans des bois et non jamais pu être retrouvés.   

Dès qu’il apprend l’envahissement du sud de l’Yonne Carrière envoie des petites compagnies très mobiles d’environ 100 hommes dans tout le sud de l’Yonne, avec pour mission d’attaquer les patrouilles prussiennes et tous les groupes isolés. C’est une de ces patrouilles qui va se heurter le 26 décembre 1870 à Courson les Carrières à un escadron du 8e régiment de hussards commandé par lieutenant von Steuplitz.

Le général von Osten-Sacken, qui venait d’envahir Auxerre avait disposé tous ses régiments  sur une ligne Toucy Auxerre, Chablis, Tonnerre, afin de surveiller les troupes françaises de Clamecy et Nevers dont il ne connaissait pas le nombre exact, mais qui lui faisait chaque jour plus de victimes.    

Les 13e et 73e, cités plus haut, ainsi que le 15e régiment d’infanterie colonel Delitz,     le 55e régiment d’infanterie, colonel  von Bischofshausen,  le 8e régiment de hussards, lieutenant-colonel Arendt et le 7e bataillon de chasseurs, colonel Kamecke  

Le 24 décembre le lieutenant von Steuplitz, qui patrouillait dans la région, arrive à Courson avec quelques cavaliers pour faire ferrer ses chevaux et manger à l’hôtel, sans aucun acte d’hostilité de la population envers lui, mais un habitant du village court prévenir une compagnie de francs-tireurs de la Vienne ⃰ qui patrouillait dans la forêt de Frétoy.                                                

 capitaine M. Robin environ 170 hommes

Informé du petit nombre de cavaliers de la patrouille prussienne, et persuadé qu’ils vont revenir, le commandant Robin décide de se cacher avec ses hommes dans des maisons et tout alentour du village, bien décidé à combattre.

Le 26 décembre le lieutenant von Steuplitz revient cette fois avec un demi-escadron (environ 30 cavaliers) avec la mission de patrouiller jusqu’à Coulanges sur Yonne, toujours pour surveiller les troupes françaises qui sont à Clamecy.  Il traverse donc Courson sans méfiance, lorsque soudain il est attaqué par un feu roulant des francs-tireurs. Plusieurs cavaliers tombent, d’autres sont démontés, leurs chevaux tués sous eux, le lieutenant tente de regrouper ses hommes et de se défendre, mais doit reculer sous le nombre et surtout s’aperçoit que ce sont des francs-tireurs et que ceux-ci ne feront pas de quartier.  Il tente alors une sortie par le nord du village mais il est de nouveau accueilli par un feu nourri des francs-tireurs, postés là, et qui attendaient sa retraite. La débandade devient générale et le lieutenant von Steuplitz parvient à regrouper la quinzaine de cavaliers qui lui reste, et à rejoindre les deux compagnies du 7e bataillon de chasseurs qui étaient postées à Ouanne. Le lieutenant-colonel Arendt qui était à Toucy alerté, arrive le soir même à Ouanne avec tout son bataillon et deux canons, mais en raison de l’obscurité, préfère remettre au lendemain ses représailles sur Courson, où par prudence il envoie quelques patrouilles reconnaitre l’état des forces françaises, qu’il craint supérieures.

Le 27 au matin assuré qu’il n’y a plus de francs-tireurs ni de troupes françaises il fait placer, à l’ouest du village sur une colline en direction du hameau de Molesmes, deux canons braqués sur Courson, fait placer des postes tout autour du village afin que personne ne puisse sortir, et laisse ses soldats se livrer au pillage pendant deux heures, il frappe aussi le village d’une amende de 10 000 francs et prend trois otages   jusqu’au règlement complet de la somme imposée.

   Jacquin, Rappin et Boussard, qui seront libérés le 26 février 1870                                                   

Quant au lieutenant von Steuplitz il demande au maire où sont passés la quinzaine de cavaliers qui sont tombés la veille, ce dernier lui affirme qu’ils ont été emmenés prisonniers par les francs-tireurs et que seul deux hussards retrouvés morts le veille au soir dans des maisons, sont inhumés au cimetière.  Von Steuplitz n’en croit pas un mot et fait fouiller le moindre recoin du village, et fait rouvrir la tombe pour vérifier qu’il y a bien que deux cavaliers, sans résultat pour les cavaliers prussiens disparus. Après la guerre en 1872, l’état-major prussien envoya une note au gouvernement français afin d’avoir des précisions sur les 14 hussards fait prisonnier à Courson le 26 décembre 1870, et qui n’étaient pas revenus de leur captivité. Des recherches entreprises par les autorités françaises ne donnèrent aucun résultat. En 1874 l’armée allemande adressait une plainte au colonel Du Temple, chef de la région militaire de Nevers, pour assassinat des 14 hussards, par le capitaine Robin, ce dernier étant connu pour « ne pas faire de prisonniers » mais faute de preuve il fut acquitté par le tribunal de Nevers. Après consultation des registres de prisonniers prussiens à Clamecy (archives militaires de Vincennes) il n’est pas fait état des 14 hussards du 8e régiment, et qui auraient dû être normalement enregistrés après leur capture.                                                                                

Conclusion de l’auteur : Les 14 hussards dont une bonne partie étaient blessés ont été vraisemblablement abattus et enterrés dans la forêt de Frétoy

Sépulture des deux hussards tués à Courson le 26-12-1870                                       Tombe militaire, loi du 4 avril 1873

Photo Jean Paul Blanchard

Les noms n’ont pas pu être retrouvés, recherche en cours  

Coulours

3 militaires prussiens sont inhumés dans cette tombe militaire :     

Uhrig Adolph, Guth Johan, Buter Konrad    du 4e régiment hessois,  

Morts au combat de Coulours  le 29 novembre 1870.

Tombe retrouvée et rénovée en 2010,  plaque nominative apposée en 2011.

La sépulture est entretenue par le village de Coulours depuis 2012.

Photo Jean Paul Blanchard
Photo Jean Paul Blanchard
Photo Jean Paul Blanchard

Loi du 4 avril 1873

                Entretien des tombes militaires

 L’article 16 du traité de paix signé à Francfort le 10 mai 1871 mettant fin à la guerre de 1870-1871, stipule que « les deux gouvernements français et allemands s’engagent réciproquement à faire respecter et entretenir les tombes des soldats ensevelis sur leurs territoires respectifs ».

Avec l’adoption de la loi française du 4 avril 1873, relative à la conservation des tombes des soldats morts pendant la guerre de 1870-1871, l’Etat achète les parcelles dans les cimetières communaux où se trouvaient déjà des tombes de soldats. Ces tombes sont aménagées, et garnies d’une plaque métallique réglementaire portant la mention « Tombes militaires – Loi du 4 avril 1873 ».

Pendant toute la durée de la guerre 1870-1871 les morts étaient bien souvent rapidement enterrés sur place par chacun des belligérants, par crainte des maladies.

A partir de 1873, la France procède au regroupement des corps, tant français que prussiens, dans des sépultures militaires, dans les cimetières les plus proches, et les entretient régulièrement jusqu’en 1896 où elle confie provisoirement cette mission au Souvenir Français, puis définitivement en 1922 par un décret gouvernemental avec une indemnité financière publique. Il est stipulé dans ce décret que toutes les sépultures militaires doivent être entretenues sans aucune distinction de nationalité.

En 1922 lors de la reprise de l’entretien par le Souvenir Français de ces tombes militaires « Loi du 4 avril 1873 » un état nominatif du préfet de l’Yonne indique 34 tombes françaises et 18 tombes prussiennes.

En 2010 un recensement des archives militaires françaises indique que 17 tombes françaises ont disparu ainsi que 6 tombes prussiennes. En 2011 un groupe de chercheurs militaires allemands engage un processus de réfection des tombes militaires prussiennes de l’Yonne, avec l’aide d’anciens militaires français. 

Combat de coulours du 29 novembre 1870

Pendant la guerre franco prussienne de 1870-1871, déclarée le 2 août 1870, la 2ème armée prussienne du prince Frédéric Charles s’était lancée à la poursuite des armées françaises du général Chanzy, et occupait une ligne de Troyes à Sens, au début novembre 1870.    

Une compagnie de Landwehr  ⃰  d’environ 200 hommes du 118e régiment d’infanterie 4e régiment de la Hesse s’installa en garnison à Villeneuve l’Archevêque pour assurer les ravitaillements de cette 2e armée et surveiller les villes d’étapes.  

 ⃰  troupes de réserves prussiennes souvent composées de soldats âgés, chargées du ravitaillement, des réquisitions et de la protection des voies de communications.

Le  29 novembre 1870 au matin une quarantaine  de soldats prussiens furent détachés de cette garnison pour effectuer des réquisitions de fourrage dans les villages de Vaudeurs et Coulours situés à environ 8 Km au sud.

Arrivés à Coulours, une vingtaine de soldats se dirigea sur Vaudeurs tandis que l’autre moitié resta sur place et commença les réquisitions de foin et d’avoine qui furent chargées sur des charrettes appartenant aux villageois.

Une compagnie de francs-tireurs  du Doubs, d’environ 150 hommes  commandés par le capitaine Ordinaire, très déterminés et surtout très mobiles, attaquaient régulièrement ces groupes de prussiens peu nombreux et leurs occasionnaient des pertes de plus en plus importantes dans le nord de l’Yonne, ils allaient ensuite se réfugier à l’abri dans la forêt d’Othe avec l’aide de la population qui leur était toute acquise.  

 ⃰ pendant toute la durée de cette guerre les francs-tireurs ont fait une guérilla à outrance contre les prussiens et bien souvent achevaient les blessés. Ils étaient fusillés sans autre forme de procès lorsqu’ils étaient pris par les prussiens.                                           

Quelques jours auparavant le 25 novembre, la garnison prussienne d’Auxon dans l’Aube, venait d’être attaquée par cette compagnie, et leur avaient tué  9 hommes. Ces francs-tireurs après avoir livré des prisonniers prussiens à Saint Florentin et s’être rééquipés, patrouillaient de nouveau dans la Forêt d’Othe, lorsqu’ils furent avertis par des éclaireurs de la présence des prussiens à Coulours. Sans perdre un instant le capitaine rallia ses groupes qui étaient à Founaudin, Villesabot, et Les Cormiers  et alla se poster vers 14h avec tous ses hommes à la sortie du village, sur la route de Villeneuve, son plan primitif étant d’attendre le retour des prussiens et de de les attaquer au milieu des champs.

 Vers 16 h le jour commençait à tomber et lassé d’attendre, le capitaine craignant que les prussiens puissent s’échapper à la faveur de la nuit, décida de les attaquer au milieu du village en se faufilant au milieu des fossés et des haies. Arrivés aux premières maisons de la rue de l’église, ils tirèrent des coups de feu en l’air, au cri de « sauvez les français » pour avertir la population et commencèrent le feu contre les prussiens regroupés au milieu de la place, qui attendaient le retour du groupe parti sur Vaudeurs. Ceux-ci tentèrent tout d’abord de résister mais reconnaissant des francs-tireurs et connaissant leur réputation, se débandèrent et prirent la fuite, laissant  trois d’entre eux tués et deux autres blessés grièvement ; Au même instant la patrouille, qui revenait de Vaudeurs, a préféré se sauver devant ce combat inégal.       

Les francs-tireurs qui n’avaient eu aucune perte s’apprêtaient à achever les blessés, qui ne durent leur salut qu’à l’intervention du maire de Coulours  ⃰  qui les fit transporter chez Armand Morvan et Félicien Viot et les fit soignés.  Un vieillard du pays, Alexis Morvan, fut tué par une balle perdue.  

  Sellier Zéphirin 1er conseiller faisait office de maire, le précédent avait démissionné à la proclamation de la république le 4 septembre 1870, et son 1er adjoint avait été assassiné quelques mois plus tôt.     

Le lendemain 30 novembre, environ 300 prussiens venant de Villeneuve se déployèrent en tirailleurs autour du village où avant d’arriver ils tuèrent Hilaire Legros, dans un champ, le prenant pour un franc-tireur. Ils investirent le village après s’être assurés qu’il ni avait plus de francs-tireurs, réunirent tous les hommes du village, et les enfermèrent dans un terrain clos appartenant à M Renard puis  commencèrent le pillage du village ;

Quelques femmes du village s’étaient cachées au sommet du clocher et les prussiens les ayant entendu parler, firent feu croyant avoir à faire à des francs-tireurs. Un officier s’apercevant de la méprise fit cesser le tir et descendre les femmes, dont l’une d’elle Mme A Legros, blessée à la main fut soignée par le médecin major.  Le pillage des maisons dura environ 4 h et seules, celles du maire et trois autres, où des blessés prussiens avaient été transportés et soignés la veille furent épargnées. 

Les prussiens emmenèrent une vingtaine de chevaux ainsi que les vaches et moutons qu’ils trouvèrent, ils s’apprêtaient aussi à brûler les maisons, lorsque le maire vint leur rappeler que les soldats avaient été soignés la veille ;  Son intervention  sauva le pays de l’incendie, mais le commandant prussien frappa le village d’une amende de 20.000 francs et emmena 5 otages  qui seraient rendus après le paiement de la rançon.  

 ⃰  Jean Rousseau, Louis Renard, Auguste Gérard, Victor Baumet, Etienne Foiry

De retour à Villeneuve l’Archevêque, des soldats prussiens témoignèrent auprès de leur commandant, qu’ils avaient pu se cacher dans des maisons sans qu’il leur soit fait aucun mal et qu’aucun villageois n’avait tiré contre eux, aussi le commandant fit rendre les otages ainsi que les chevaux mais confirma l’amende, que la commune bien incapable de payer, fut obligée d’emprunter à Mr Pierre, négociant en grain de Villeneuve.

 Les prussiens eurent trois tués à Coulours, qui sont inhumés auprès de l’église du village dans une tombe militaire « loi du 4 avril 1873 »

  Uhrig Adolph    Guth Johan,    Buter Konrad

Ils appartenaient tous les trois au 118e régiment d’infanterie.  

Les deux autres soldats prussiens  trop grièvement blessés pour être  transportés à Villeneuve l’Archevêque restèrent à Coulours où ils décédèrent.

  ⃰  D’après un rapport d’Octave Rameau effectué en septembre 1871, ces deux soldats, après leur décès, auraient été enterrés anonymement dans un terrain privé de Coulours, (sans preuve) ; Plus certainement le capitaine Ordinaire les aurait emmenés avec lui et achevés plus loin (suggestion de l’auteur)  les corps n’ont jamais été retrouvés.  

En 1872 les parents d’Adolphe Uhrig vinrent, de Darmstadt Hesse, pour se recueillir sur la tombe de leur fils, achetèrent, à la mairie, la concession de leur enfant, et firent édifier une pierre tombale.                            

En 1876 le gouvernement français acheta la concession pour les trois soldats et la déclara « Tombe militaire de par la loi du 4 avril 1873 »  

En 2014 un groupe de recherches militaires franco-allemand a rénové la tombe et fait apposer une plaque avec les noms des trois soldats.  (voir photo)           

Sources                                                                                                 

  • Archives nationales
  • Archives départementales de l’Yonne
  • Bibliothèque d’Auxerre
  • Archives départementales de l’Aube
  • Rapport d’Octave Rameau historien journaliste de l’Aube 1872
  • Archives militaires allemandes
  • Henri Brisbois

Etat des pertes prussiennes pendant la guerre franco prussienne de 1870-1871 dressé par l’état major allemand et le capitaine Leclerc en 1876       source : archives militaires

Photo Jean Paul Blanchard

combat d’Esnon du 18 novembre 1870

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, après la capitulation d’une armée française de Metz le 27 octobre 1870, le prince Frédéric Charles, qui commande la 2e armée prussienne, vient de recevoir l’ordre du quartier général prussien de rallier Orléans où une d’armée française s’est reconstituée. Frédéric-Charles arrive à Troyes le 8 novembre et occupe une ligne complète jusqu’à Sens, où il arrive le 10 et reçoit en même temps l’information de la défaite d’une armée allemande à Coulmiers (9 novembre). Laissant derrière lui des compagnies de landwehr  il reprend avec ses corps d’armées (3e 10e  et le corps de la garde) une marche forcée vers Orléans pour secourir les armées prussiennes battues.

troupes de réserves souvent composées de soldats âgés, chargées du ravitaillement, des réquisitions et de la protection des voies de communications

Prince Frédéric Charles

Le 3e corps d’armée du général lieutenant von Alvensleben II, pour éviter trop d’encombrement dans le passage des troupes, emprunte une route plus au sud par Brienne le Château, Vendeuvre, Chaource (Aube), Saint Florentin, Joigny (Yonne), Courtenay, Montargis (Loiret).

 5e division d’infanterie, général lieutenant von Stülpnagel , 6e division d’infanterie, général lieutenant von Büddenbrock

Général Von Voigts-Rhetz

 

Le 10e corps d’armée du général Von Voigts-Rhetz, en quittant le siège de Metz, avait pris une route plus au sud-est afin d’occuper la ligne de chemin de fer Chaumont, Châtillon sur Seine, Tonnerre, celle de Dijon à Tonnerre, ensuite remonter sur Saint Florentin, Joigny, Courtenay et enfin rallier à Montargis toute la 2e armée du prince Frédéric Charles.

19e division d’infanterie, général lieutenant Von Schwartzkoppen, 20e division d’infanterie, général major Von Kraatz-Koschlau

Lieutenant Général von Schwartzkoppen

Il laisse quelques troupes de Landwehr en garnison à Chatillon sur Seine (21) et Tonnerre puis envoie un bataillon occuper Auxerre. Le général prussien prend la direction de Saint Florentin où il arrive le 17 novembre, envoyant par précaution le 57e régiment (8e régiment de Westphalie) s’installer en avant-garde à Champlost et le 78e régiment (Frise orientale) à Avrolles. Ce sont ces régiments qui se heurteront le lendemain, 18 novembre à Esnon aux gardes nationaux de Joigny, telle est la situation des forces côté prussien.

Voyons maintenant les forces françaises : Sur ordre de la république (proclamée le 4 septembre 1870) le département de l’Yonne forme 54 bataillons de gardes sédentaires ⃰   

  Hommes âgés de 20 ans à 50 ans, qui pour des raisons diverses n’ont pas été enrôlés dans l’armée régulière, ni dans la garde mobile, et ni dans la garde nationale mobilisée, et qui sont seulement chargés de défendre les villes et d’assurer l’ordre dans de leurs cantons respectifs   

Quatre bataillons seront ainsi formés à Joigny. Trois d’entre eux seront rappelés à Auxerre dès le 10 novembre 1870, les 2e commandant Dupont natif de Béon, 3e commandant Frédéric Darde et 4e commandant Rastel natif d’Epineau les Voves. Seul le premier bataillon ⃰  (environ 600 hommes) sous les ordres du commandant Lefèvre-Mocquot reste pour la défense de Joigny, et combattra le 18 novembre contre les prussiens.

⃰  1ère  compagnie, capitaine en 1er Alphonse Zanote, Antoine Spire capitaine en 2ème lieutenants Vigreux et Paul Couturier, sous-lieutenants François Bisson et Drain-Maugy

2e compagnie, capitaine en 1er Bonnerot, Perrot capitaine en 2eme lieutenants Larcher et Torcher, sous-lieutenants Barsuraume et Desenclos

3e compagnie, capitaine en 1er Grenet, Clouet capitaine en 2eme lieutenants Coquard et Arnould, sous-lieutenants Pouillot et Louis Raclos

4e compagnie, capitaine Eugène Mouroux, lieutenants Henri Cochard et Alexandre Grugé, sous-lieutenants Alphonse Dumont et Labrosse

5e compagnie, formée de pompiers capitaine Marcel Renouard, lieutenants, Eugène Bouron et Alexandre Drugé, sous-lieutenant, Jovignot

Bien conscient de la médiocre valeur militaire de ces bataillons sédentaires et afin d’éviter des carnages inutiles, le commandement militaire de l’Yonne avait dès le 25 octobre 1870 précédent, envoyé à tous les chefs de bataillon du département, la consigne de ne jamais s’attaquer à des forces supérieures, mais de seulement surveiller le déplacement des troupes prussiennes et de rendre compte et de tenter des coups de mains contre les patrouilles ennemies ou des troupes isolées peu nombreuses. Le commandant Lefèvre-Mocquot reçoit le 16 novembre un télégramme du colonel Bordonave l’informant qu’une force prussienne importante vient de quitter Tonnerre et semble se diriger vers le nord-ouest sans pouvoir préciser la route exacte. Afin d’être renseigné il envoie le 17 au matin des patrouilles de reconnaissance vers Saint Florentin et sur la route d’Auxerre. Cette dernière revient en rendant compte d’aucun mouvement de troupe, mais celle de Saint Florentin signale des troupes prussiennes peu importantes stationnées à Avrolles et Champlost et que le gros des forces est resté à Saint Florentin.

 Lefèvre-Mocquot pense alors que ce corps d’armée va rejoindre Sens par la route directe d’Arces et Cerisiers, les troupes d’Avrolles et Champlost servant uniquement de couverture sur le flanc ouest de cette armée.      

Le 17 novembre au soir il prend la décision de rassembler son bataillon aux premières heures du 18 et de marcher sur Migennes et Brienon pour surveiller la marche de ce corps d’armée. Ce qu’il ne sait pas c’est que les prussiens vont emprunter la route de Joigny, Douchy, Château Renard, pour rejoindre Montargis leur lieu de ralliement avant Orléans, et qu’il se heurtera à Esnon aux 57e et 78e régiments prussiens qui forment l’avant-garde de ce corps d’armée.

Le 18 novembre à 3 heures du matin les cinq compagnies (environ 600 hommes) de Joigny avec le commandant Lefèvre-Mocquot à leur tête se regroupent à la sortie de la ville et prennent la direction de Laroche où ils arrivent aux premières lueurs de l’aube, ralliés par une cinquantaine de gardes de cette ville. Le commandant envoie des éclaireurs en avant-garde sur Brienon pour connaitre la direction exacte de l’armée prussienne et pouvoir ainsi la surveiller, pensant toujours que celle-ci va prendre la direction nord-ouest d’Arces Cerisiers pour rejoindre Sens. Ceux-ci revenus de leur patrouille, lui annoncent qu’une colonne prussienne peu importante se trouve à Brienon et se dirige sur Esnon. Lefèvre-Mocquot pense toujours qu’il s’agit seulement de quelques compagnies de couverture sur le flanc ouest de ce corps d’armée qui doit se diriger plus au nord, et décide d’embusquer ses hommes et attendre un moment propice pour attaquer des groupes isolés.  En fait ses éclaireurs ont aperçu les avant-gardes des 57e et 78e régiments, stationnés la veille à Champlost et Avrolles, qui se dirigent plein ouest en direction de Joigny, et auxquels il va se heurter à Esnon.

Lefèvre-Mocquot fait disposer les 4e et 5e compagnies à gauche de la route au bois de Garenne derrière le château d’Esnon, et les 1e et 2e à droite à côté de la ferme de Prémartin, la 3e compagnie s’embusquant derrière les parapets du pont du canal. Il laisse aussi en arrière à la Ferme de Chaumançon, située en hauteur, quelques observateurs, qui pourront le renseigner sur les mouvements des troupes prussiennes.

Les premiers éclaireurs prussiens apparaissent vers 9 heures, avançant déployés en tirailleurs, craignant des coups de mains des francs-tireurs

  ⃰ pendant toute la durée de cette guerre les francs-tireurs ont fait une guérilla à outrance contre les prussiens et bien souvent achevaient les blessés. Ils étaient fusillés sans autre forme de procès lorsqu’ils étaient pris par les prussiens   

Arrivés à hauteur du château, les éclaireurs prussiens reçoivent une salve de coups de fusils des gardes embusqués, et sont aussi attaqués par ceux de la ferme de Prémartin. Le ralliement est sonné et tous les soldats (2.500 hommes) des deux régiments prussiens arrivent à la rescousse et installent une batterie de canons sur la hauteur d’Esnon et commencent à tirer sur la ferme de Prémartin et sur le château. Après une heure de combat le commandant Lefèvre-Mocquot s’aperçoit qu’il a à faire à des troupes beaucoup plus nombreuses que les siennes, aussi fait-il décrocher vers le pont du canal, les 4e et 5e compagnies qui faisaient toujours le coup de feu bien retranchées derrière le château d’Esnon  puis rejointes par celles de la ferme Martin. Les prussiens avancent prudemment, plusieurs de leurs hommes sont à terre, et craignent toujours d’avoir à faire à des groupes de francs-tireurs. Bien à l’abri derrière les parapets et les talus de la voie de chemin de fer, le combat continue encore une heure, mais le manque de munitions et les nouveaux renforts prussiens qui arrivent, obligent la commandant Lefèvre-Mocquot à ordonner la retraite sur les villages d’Ormoy, Cheny, et Bonnard, où les gardes cachent leurs armes et leurs effets, et attendent quelques jours avant de revenir sur Joigny.

Les gardes nationaux auront 5 tués Tripier Auguste, Coltat Auguste, Vilatte Jules, Petit Prosper, Devèze Alphonse de Cézy.

Ce garde national est inhumé à Cézy dans tombe militaire dite « loi du 4 avril 1873 »

Tombe d’Alphonse Devèze au cimetière de Cézy

La position de cette tombe militaire a pu être retrouvée au cimetière, grâce au plan dressé en 1876 par la ville de Cézy, conservé aux archives nationales

Photo Jean Paul Blanchard

Précision : Il a été souvent écrit, par erreur, dans de nombreux récits, que les quatre gardes mobilisés de Villecien Fauvet Casimir, Leclerc Hippolyte, Rogneau Narcisse, et Veillot Edouard, fusillés à Villeneuve sur Yonne le 18 novembre 1870 avaient été fait prisonniers au retour de ce combat d’Esnon. Ils revenaient en fait d’une escarmouche, à hauteur de Saint Julien du Sault contre une compagnie prussienne du major Lehmann envoyé de Sens pour protéger le 10e corps d’armée prussien, contre d’éventuelles attaques de francs-tireurs. (Sources Archives départementales de l’Yonne)

Les prussiens eurent plusieurs mortset une quinzaine de blessés, ce qui était considérable, au vu des forces qui leur étaient opposées, mais les gardes de Joigny qui connaissaient parfaitement le terrain ont pu combattre avec un maximum de protection et se replier avec un minimum de pertes.

  ⃰ Pendant toute la durée du conflit aussi bien du côté français que prussien, les morts et les blessés étaient ramassés afin de masquer ses pertes à l’ennemi. Un rapport prussien après la guerre fera état de 14 blessés et 4 morts à ce combat du 18 novembre.   Les corps de ces derniers n’ont jamais été retrouvés, mais d’après un rapport prussien de 1871 ils sont enterrés dans le Bois de Garenne.(source Archives militaires allemandes)

Les prussiens déposèrent à l’hôpital de Joigny, 3 de leurs soldats grièvement blessés, qui décèderont quelques jours plus tard.

Esper Jacob natif de Westphalie du 57e régiment prussien le 25-11-1870

Fhedik natif de Westphalie du 57e régiment prussien le 24-11-1870

Heitzma natif de la Frise orientale du 78e régiment prussien le 24-11-1870

Ces trois soldats sont inhumés, avec 16 autres soldats prussiens, à Joigny dans une tombe militaire dite « loi du 4 avril1873 »

La position de cette tombe militaire a pu être retrouvée grâce au plan du cimetière de Joigny dressé en 1876, qui est conservé aux archives nationales

Photo Jean Paul Blanchard
Carte du combat d’Esnon 18 Novembre 1870

Sources                                                                                                                              

Archives nationales, archives départementales de l’Yonne

Archives militaires allemandes