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Coulours

3 militaires prussiens sont inhumés dans cette tombe militaire :     

Uhrig Adolph, Guth Johan, Buter Konrad    du 4e régiment hessois,  

Morts au combat de Coulours  le 29 novembre 1870.

Tombe retrouvée et rénovée en 2010,  plaque nominative apposée en 2011.

La sépulture est entretenue par le village de Coulours depuis 2012.

Photo Jean Paul Blanchard
Photo Jean Paul Blanchard
Photo Jean Paul Blanchard

Loi du 4 avril 1873

                Entretien des tombes militaires

 L’article 16 du traité de paix signé à Francfort le 10 mai 1871 mettant fin à la guerre de 1870-1871, stipule que « les deux gouvernements français et allemands s’engagent réciproquement à faire respecter et entretenir les tombes des soldats ensevelis sur leurs territoires respectifs ».

Avec l’adoption de la loi française du 4 avril 1873, relative à la conservation des tombes des soldats morts pendant la guerre de 1870-1871, l’Etat achète les parcelles dans les cimetières communaux où se trouvaient déjà des tombes de soldats. Ces tombes sont aménagées, et garnies d’une plaque métallique réglementaire portant la mention « Tombes militaires – Loi du 4 avril 1873 ».

Pendant toute la durée de la guerre 1870-1871 les morts étaient bien souvent rapidement enterrés sur place par chacun des belligérants, par crainte des maladies.

A partir de 1873, la France procède au regroupement des corps, tant français que prussiens, dans des sépultures militaires, dans les cimetières les plus proches, et les entretient régulièrement jusqu’en 1896 où elle confie provisoirement cette mission au Souvenir Français, puis définitivement en 1922 par un décret gouvernemental avec une indemnité financière publique. Il est stipulé dans ce décret que toutes les sépultures militaires doivent être entretenues sans aucune distinction de nationalité.

En 1922 lors de la reprise de l’entretien par le Souvenir Français de ces tombes militaires « Loi du 4 avril 1873 » un état nominatif du préfet de l’Yonne indique 34 tombes françaises et 18 tombes prussiennes.

En 2010 un recensement des archives militaires françaises indique que 17 tombes françaises ont disparu ainsi que 6 tombes prussiennes. En 2011 un groupe de chercheurs militaires allemands engage un processus de réfection des tombes militaires prussiennes de l’Yonne, avec l’aide d’anciens militaires français. 

Combat de coulours du 29 novembre 1870

Pendant la guerre franco prussienne de 1870-1871, déclarée le 2 août 1870, la 2ème armée prussienne du prince Frédéric Charles s’était lancée à la poursuite des armées françaises du général Chanzy, et occupait une ligne de Troyes à Sens, au début novembre 1870.    

Une compagnie de Landwehr  ⃰  d’environ 200 hommes du 118e régiment d’infanterie 4e régiment de la Hesse s’installa en garnison à Villeneuve l’Archevêque pour assurer les ravitaillements de cette 2e armée et surveiller les villes d’étapes.  

 ⃰  troupes de réserves prussiennes souvent composées de soldats âgés, chargées du ravitaillement, des réquisitions et de la protection des voies de communications.

Le  29 novembre 1870 au matin une quarantaine  de soldats prussiens furent détachés de cette garnison pour effectuer des réquisitions de fourrage dans les villages de Vaudeurs et Coulours situés à environ 8 Km au sud.

Arrivés à Coulours, une vingtaine de soldats se dirigea sur Vaudeurs tandis que l’autre moitié resta sur place et commença les réquisitions de foin et d’avoine qui furent chargées sur des charrettes appartenant aux villageois.

Une compagnie de francs-tireurs  du Doubs, d’environ 150 hommes  commandés par le capitaine Ordinaire, très déterminés et surtout très mobiles, attaquaient régulièrement ces groupes de prussiens peu nombreux et leurs occasionnaient des pertes de plus en plus importantes dans le nord de l’Yonne, ils allaient ensuite se réfugier à l’abri dans la forêt d’Othe avec l’aide de la population qui leur était toute acquise.  

 ⃰ pendant toute la durée de cette guerre les francs-tireurs ont fait une guérilla à outrance contre les prussiens et bien souvent achevaient les blessés. Ils étaient fusillés sans autre forme de procès lorsqu’ils étaient pris par les prussiens.                                           

Quelques jours auparavant le 25 novembre, la garnison prussienne d’Auxon dans l’Aube, venait d’être attaquée par cette compagnie, et leur avaient tué  9 hommes. Ces francs-tireurs après avoir livré des prisonniers prussiens à Saint Florentin et s’être rééquipés, patrouillaient de nouveau dans la Forêt d’Othe, lorsqu’ils furent avertis par des éclaireurs de la présence des prussiens à Coulours. Sans perdre un instant le capitaine rallia ses groupes qui étaient à Founaudin, Villesabot, et Les Cormiers  et alla se poster vers 14h avec tous ses hommes à la sortie du village, sur la route de Villeneuve, son plan primitif étant d’attendre le retour des prussiens et de de les attaquer au milieu des champs.

 Vers 16 h le jour commençait à tomber et lassé d’attendre, le capitaine craignant que les prussiens puissent s’échapper à la faveur de la nuit, décida de les attaquer au milieu du village en se faufilant au milieu des fossés et des haies. Arrivés aux premières maisons de la rue de l’église, ils tirèrent des coups de feu en l’air, au cri de « sauvez les français » pour avertir la population et commencèrent le feu contre les prussiens regroupés au milieu de la place, qui attendaient le retour du groupe parti sur Vaudeurs. Ceux-ci tentèrent tout d’abord de résister mais reconnaissant des francs-tireurs et connaissant leur réputation, se débandèrent et prirent la fuite, laissant  trois d’entre eux tués et deux autres blessés grièvement ; Au même instant la patrouille, qui revenait de Vaudeurs, a préféré se sauver devant ce combat inégal.       

Les francs-tireurs qui n’avaient eu aucune perte s’apprêtaient à achever les blessés, qui ne durent leur salut qu’à l’intervention du maire de Coulours  ⃰  qui les fit transporter chez Armand Morvan et Félicien Viot et les fit soignés.  Un vieillard du pays, Alexis Morvan, fut tué par une balle perdue.  

  Sellier Zéphirin 1er conseiller faisait office de maire, le précédent avait démissionné à la proclamation de la république le 4 septembre 1870, et son 1er adjoint avait été assassiné quelques mois plus tôt.     

Le lendemain 30 novembre, environ 300 prussiens venant de Villeneuve se déployèrent en tirailleurs autour du village où avant d’arriver ils tuèrent Hilaire Legros, dans un champ, le prenant pour un franc-tireur. Ils investirent le village après s’être assurés qu’il ni avait plus de francs-tireurs, réunirent tous les hommes du village, et les enfermèrent dans un terrain clos appartenant à M Renard puis  commencèrent le pillage du village ;

Quelques femmes du village s’étaient cachées au sommet du clocher et les prussiens les ayant entendu parler, firent feu croyant avoir à faire à des francs-tireurs. Un officier s’apercevant de la méprise fit cesser le tir et descendre les femmes, dont l’une d’elle Mme A Legros, blessée à la main fut soignée par le médecin major.  Le pillage des maisons dura environ 4 h et seules, celles du maire et trois autres, où des blessés prussiens avaient été transportés et soignés la veille furent épargnées. 

Les prussiens emmenèrent une vingtaine de chevaux ainsi que les vaches et moutons qu’ils trouvèrent, ils s’apprêtaient aussi à brûler les maisons, lorsque le maire vint leur rappeler que les soldats avaient été soignés la veille ;  Son intervention  sauva le pays de l’incendie, mais le commandant prussien frappa le village d’une amende de 20.000 francs et emmena 5 otages  qui seraient rendus après le paiement de la rançon.  

 ⃰  Jean Rousseau, Louis Renard, Auguste Gérard, Victor Baumet, Etienne Foiry

De retour à Villeneuve l’Archevêque, des soldats prussiens témoignèrent auprès de leur commandant, qu’ils avaient pu se cacher dans des maisons sans qu’il leur soit fait aucun mal et qu’aucun villageois n’avait tiré contre eux, aussi le commandant fit rendre les otages ainsi que les chevaux mais confirma l’amende, que la commune bien incapable de payer, fut obligée d’emprunter à Mr Pierre, négociant en grain de Villeneuve.

 Les prussiens eurent trois tués à Coulours, qui sont inhumés auprès de l’église du village dans une tombe militaire « loi du 4 avril 1873 »

  Uhrig Adolph    Guth Johan,    Buter Konrad

Ils appartenaient tous les trois au 118e régiment d’infanterie.  

Les deux autres soldats prussiens  trop grièvement blessés pour être  transportés à Villeneuve l’Archevêque restèrent à Coulours où ils décédèrent.

  ⃰  D’après un rapport d’Octave Rameau effectué en septembre 1871, ces deux soldats, après leur décès, auraient été enterrés anonymement dans un terrain privé de Coulours, (sans preuve) ; Plus certainement le capitaine Ordinaire les aurait emmenés avec lui et achevés plus loin (suggestion de l’auteur)  les corps n’ont jamais été retrouvés.  

En 1872 les parents d’Adolphe Uhrig vinrent, de Darmstadt Hesse, pour se recueillir sur la tombe de leur fils, achetèrent, à la mairie, la concession de leur enfant, et firent édifier une pierre tombale.                            

En 1876 le gouvernement français acheta la concession pour les trois soldats et la déclara « Tombe militaire de par la loi du 4 avril 1873 »  

En 2014 un groupe de recherches militaires franco-allemand a rénové la tombe et fait apposer une plaque avec les noms des trois soldats.  (voir photo)           

Sources                                                                                                 

  • Archives nationales
  • Archives départementales de l’Yonne
  • Bibliothèque d’Auxerre
  • Archives départementales de l’Aube
  • Rapport d’Octave Rameau historien journaliste de l’Aube 1872
  • Archives militaires allemandes
  • Henri Brisbois

Etat des pertes prussiennes pendant la guerre franco prussienne de 1870-1871 dressé par l’état major allemand et le capitaine Leclerc en 1876       source : archives militaires

Photo Jean Paul Blanchard

combat d’Esnon du 18 novembre 1870

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, après la capitulation d’une armée française de Metz le 27 octobre 1870, le prince Frédéric Charles, qui commande la 2e armée prussienne, vient de recevoir l’ordre du quartier général prussien de rallier Orléans où une d’armée française s’est reconstituée. Frédéric-Charles arrive à Troyes le 8 novembre et occupe une ligne complète jusqu’à Sens, où il arrive le 10 et reçoit en même temps l’information de la défaite d’une armée allemande à Coulmiers (9 novembre). Laissant derrière lui des compagnies de landwehr  il reprend avec ses corps d’armées (3e 10e  et le corps de la garde) une marche forcée vers Orléans pour secourir les armées prussiennes battues.

troupes de réserves souvent composées de soldats âgés, chargées du ravitaillement, des réquisitions et de la protection des voies de communications

Prince Frédéric Charles

Le 3e corps d’armée du général lieutenant von Alvensleben II, pour éviter trop d’encombrement dans le passage des troupes, emprunte une route plus au sud par Brienne le Château, Vendeuvre, Chaource (Aube), Saint Florentin, Joigny (Yonne), Courtenay, Montargis (Loiret).

 5e division d’infanterie, général lieutenant von Stülpnagel , 6e division d’infanterie, général lieutenant von Büddenbrock

Général Von Voigts-Rhetz

 

Le 10e corps d’armée du général Von Voigts-Rhetz, en quittant le siège de Metz, avait pris une route plus au sud-est afin d’occuper la ligne de chemin de fer Chaumont, Châtillon sur Seine, Tonnerre, celle de Dijon à Tonnerre, ensuite remonter sur Saint Florentin, Joigny, Courtenay et enfin rallier à Montargis toute la 2e armée du prince Frédéric Charles.

19e division d’infanterie, général lieutenant Von Schwartzkoppen, 20e division d’infanterie, général major Von Kraatz-Koschlau

Lieutenant Général von Schwartzkoppen

Il laisse quelques troupes de Landwehr en garnison à Chatillon sur Seine (21) et Tonnerre puis envoie un bataillon occuper Auxerre. Le général prussien prend la direction de Saint Florentin où il arrive le 17 novembre, envoyant par précaution le 57e régiment (8e régiment de Westphalie) s’installer en avant-garde à Champlost et le 78e régiment (Frise orientale) à Avrolles. Ce sont ces régiments qui se heurteront le lendemain, 18 novembre à Esnon aux gardes nationaux de Joigny, telle est la situation des forces côté prussien.

Voyons maintenant les forces françaises : Sur ordre de la république (proclamée le 4 septembre 1870) le département de l’Yonne forme 54 bataillons de gardes sédentaires ⃰   

  Hommes âgés de 20 ans à 50 ans, qui pour des raisons diverses n’ont pas été enrôlés dans l’armée régulière, ni dans la garde mobile, et ni dans la garde nationale mobilisée, et qui sont seulement chargés de défendre les villes et d’assurer l’ordre dans de leurs cantons respectifs   

Quatre bataillons seront ainsi formés à Joigny. Trois d’entre eux seront rappelés à Auxerre dès le 10 novembre 1870, les 2e commandant Dupont natif de Béon, 3e commandant Frédéric Darde et 4e commandant Rastel natif d’Epineau les Voves. Seul le premier bataillon ⃰  (environ 600 hommes) sous les ordres du commandant Lefèvre-Mocquot reste pour la défense de Joigny, et combattra le 18 novembre contre les prussiens.

⃰  1ère  compagnie, capitaine en 1er Alphonse Zanote, Antoine Spire capitaine en 2ème lieutenants Vigreux et Paul Couturier, sous-lieutenants François Bisson et Drain-Maugy

2e compagnie, capitaine en 1er Bonnerot, Perrot capitaine en 2eme lieutenants Larcher et Torcher, sous-lieutenants Barsuraume et Desenclos

3e compagnie, capitaine en 1er Grenet, Clouet capitaine en 2eme lieutenants Coquard et Arnould, sous-lieutenants Pouillot et Louis Raclos

4e compagnie, capitaine Eugène Mouroux, lieutenants Henri Cochard et Alexandre Grugé, sous-lieutenants Alphonse Dumont et Labrosse

5e compagnie, formée de pompiers capitaine Marcel Renouard, lieutenants, Eugène Bouron et Alexandre Drugé, sous-lieutenant, Jovignot

Bien conscient de la médiocre valeur militaire de ces bataillons sédentaires et afin d’éviter des carnages inutiles, le commandement militaire de l’Yonne avait dès le 25 octobre 1870 précédent, envoyé à tous les chefs de bataillon du département, la consigne de ne jamais s’attaquer à des forces supérieures, mais de seulement surveiller le déplacement des troupes prussiennes et de rendre compte et de tenter des coups de mains contre les patrouilles ennemies ou des troupes isolées peu nombreuses. Le commandant Lefèvre-Mocquot reçoit le 16 novembre un télégramme du colonel Bordonave l’informant qu’une force prussienne importante vient de quitter Tonnerre et semble se diriger vers le nord-ouest sans pouvoir préciser la route exacte. Afin d’être renseigné il envoie le 17 au matin des patrouilles de reconnaissance vers Saint Florentin et sur la route d’Auxerre. Cette dernière revient en rendant compte d’aucun mouvement de troupe, mais celle de Saint Florentin signale des troupes prussiennes peu importantes stationnées à Avrolles et Champlost et que le gros des forces est resté à Saint Florentin.

 Lefèvre-Mocquot pense alors que ce corps d’armée va rejoindre Sens par la route directe d’Arces et Cerisiers, les troupes d’Avrolles et Champlost servant uniquement de couverture sur le flanc ouest de cette armée.      

Le 17 novembre au soir il prend la décision de rassembler son bataillon aux premières heures du 18 et de marcher sur Migennes et Brienon pour surveiller la marche de ce corps d’armée. Ce qu’il ne sait pas c’est que les prussiens vont emprunter la route de Joigny, Douchy, Château Renard, pour rejoindre Montargis leur lieu de ralliement avant Orléans, et qu’il se heurtera à Esnon aux 57e et 78e régiments prussiens qui forment l’avant-garde de ce corps d’armée.

Le 18 novembre à 3 heures du matin les cinq compagnies (environ 600 hommes) de Joigny avec le commandant Lefèvre-Mocquot à leur tête se regroupent à la sortie de la ville et prennent la direction de Laroche où ils arrivent aux premières lueurs de l’aube, ralliés par une cinquantaine de gardes de cette ville. Le commandant envoie des éclaireurs en avant-garde sur Brienon pour connaitre la direction exacte de l’armée prussienne et pouvoir ainsi la surveiller, pensant toujours que celle-ci va prendre la direction nord-ouest d’Arces Cerisiers pour rejoindre Sens. Ceux-ci revenus de leur patrouille, lui annoncent qu’une colonne prussienne peu importante se trouve à Brienon et se dirige sur Esnon. Lefèvre-Mocquot pense toujours qu’il s’agit seulement de quelques compagnies de couverture sur le flanc ouest de ce corps d’armée qui doit se diriger plus au nord, et décide d’embusquer ses hommes et attendre un moment propice pour attaquer des groupes isolés.  En fait ses éclaireurs ont aperçu les avant-gardes des 57e et 78e régiments, stationnés la veille à Champlost et Avrolles, qui se dirigent plein ouest en direction de Joigny, et auxquels il va se heurter à Esnon.

Lefèvre-Mocquot fait disposer les 4e et 5e compagnies à gauche de la route au bois de Garenne derrière le château d’Esnon, et les 1e et 2e à droite à côté de la ferme de Prémartin, la 3e compagnie s’embusquant derrière les parapets du pont du canal. Il laisse aussi en arrière à la Ferme de Chaumançon, située en hauteur, quelques observateurs, qui pourront le renseigner sur les mouvements des troupes prussiennes.

Les premiers éclaireurs prussiens apparaissent vers 9 heures, avançant déployés en tirailleurs, craignant des coups de mains des francs-tireurs

  ⃰ pendant toute la durée de cette guerre les francs-tireurs ont fait une guérilla à outrance contre les prussiens et bien souvent achevaient les blessés. Ils étaient fusillés sans autre forme de procès lorsqu’ils étaient pris par les prussiens   

Arrivés à hauteur du château, les éclaireurs prussiens reçoivent une salve de coups de fusils des gardes embusqués, et sont aussi attaqués par ceux de la ferme de Prémartin. Le ralliement est sonné et tous les soldats (2.500 hommes) des deux régiments prussiens arrivent à la rescousse et installent une batterie de canons sur la hauteur d’Esnon et commencent à tirer sur la ferme de Prémartin et sur le château. Après une heure de combat le commandant Lefèvre-Mocquot s’aperçoit qu’il a à faire à des troupes beaucoup plus nombreuses que les siennes, aussi fait-il décrocher vers le pont du canal, les 4e et 5e compagnies qui faisaient toujours le coup de feu bien retranchées derrière le château d’Esnon  puis rejointes par celles de la ferme Martin. Les prussiens avancent prudemment, plusieurs de leurs hommes sont à terre, et craignent toujours d’avoir à faire à des groupes de francs-tireurs. Bien à l’abri derrière les parapets et les talus de la voie de chemin de fer, le combat continue encore une heure, mais le manque de munitions et les nouveaux renforts prussiens qui arrivent, obligent la commandant Lefèvre-Mocquot à ordonner la retraite sur les villages d’Ormoy, Cheny, et Bonnard, où les gardes cachent leurs armes et leurs effets, et attendent quelques jours avant de revenir sur Joigny.

Les gardes nationaux auront 5 tués Tripier Auguste, Coltat Auguste, Vilatte Jules, Petit Prosper, Devèze Alphonse de Cézy.

Ce garde national est inhumé à Cézy dans tombe militaire dite « loi du 4 avril 1873 »

Tombe d’Alphonse Devèze au cimetière de Cézy

La position de cette tombe militaire a pu être retrouvée au cimetière, grâce au plan dressé en 1876 par la ville de Cézy, conservé aux archives nationales

Photo Jean Paul Blanchard

Précision : Il a été souvent écrit, par erreur, dans de nombreux récits, que les quatre gardes mobilisés de Villecien Fauvet Casimir, Leclerc Hippolyte, Rogneau Narcisse, et Veillot Edouard, fusillés à Villeneuve sur Yonne le 18 novembre 1870 avaient été fait prisonniers au retour de ce combat d’Esnon. Ils revenaient en fait d’une escarmouche, à hauteur de Saint Julien du Sault contre une compagnie prussienne du major Lehmann envoyé de Sens pour protéger le 10e corps d’armée prussien, contre d’éventuelles attaques de francs-tireurs. (Sources Archives départementales de l’Yonne)

Les prussiens eurent plusieurs mortset une quinzaine de blessés, ce qui était considérable, au vu des forces qui leur étaient opposées, mais les gardes de Joigny qui connaissaient parfaitement le terrain ont pu combattre avec un maximum de protection et se replier avec un minimum de pertes.

  ⃰ Pendant toute la durée du conflit aussi bien du côté français que prussien, les morts et les blessés étaient ramassés afin de masquer ses pertes à l’ennemi. Un rapport prussien après la guerre fera état de 14 blessés et 4 morts à ce combat du 18 novembre.   Les corps de ces derniers n’ont jamais été retrouvés, mais d’après un rapport prussien de 1871 ils sont enterrés dans le Bois de Garenne.(source Archives militaires allemandes)

Les prussiens déposèrent à l’hôpital de Joigny, 3 de leurs soldats grièvement blessés, qui décèderont quelques jours plus tard.

Esper Jacob natif de Westphalie du 57e régiment prussien le 25-11-1870

Fhedik natif de Westphalie du 57e régiment prussien le 24-11-1870

Heitzma natif de la Frise orientale du 78e régiment prussien le 24-11-1870

Ces trois soldats sont inhumés, avec 16 autres soldats prussiens, à Joigny dans une tombe militaire dite « loi du 4 avril1873 »

La position de cette tombe militaire a pu être retrouvée grâce au plan du cimetière de Joigny dressé en 1876, qui est conservé aux archives nationales

Photo Jean Paul Blanchard
Carte du combat d’Esnon 18 Novembre 1870

Sources                                                                                                                              

Archives nationales, archives départementales de l’Yonne

Archives militaires allemandes